“Coming out en France et en Afrique”, une minisérie pour lever le tabou
Armand Patou, TV5monde/afrique , 6 juin 2019
Lever le tabou sur ce sujet, c’est ce qu’essaie de faire cette minisérie “Coming out en France et en Afrique”, qui s’articule autour de six épisodes d’environ sept minutes. L’objectif principal étant d’accompagner les jeunes homosexuels, filles et garçons, lors de la révélation de leur homosexualité à leur entourage (coming out). Cette minisérie documentaire est diffusée sur les réseaux sociaux, sur le site de TV5MONDE et sur la plateforme France TV Slash, depuis le 27 mai et le sera jusqu’en 2022.
Trésor Ntore, 20 ans, est le coauteur de la série avec Hélène Seingier. Franco-Burundais, Trésor a grandi au Burundi, au Burkina Faso et en RDC, avant de partir en France, à Rennes, pour ses études.
En RDC, il était militant LGBT, après avoir fait son coming out à 13 ans. L’humoriste Shirley Souagnon, l’autre figure clé de la série, accompagne Trésor. Lesbienne affirmée, sa notoriété permet de “donner un peu plus de voix à la série afin que davantage de personnes se sentent représentées”, précise Trésor.
L’hostilité à l’égard de l’homosexualité n’a pas toujours été la norme en Afrique. Elle est une réalité héritée en majeure partie de la colonisation, comme l’explique Trésor Ntore : “On a souvent tendance à dire que l’homosexualité a été amenée par les Occidentaux, alors que c’est l’homophobie qui a été amenée par le christianisme, imposé au temps de la colonisation”.
Shirley Souagnon explique même qu’avant cette période, l’homosexualité existait déjà, et prend l’exemple de son père “qui s’est rendu compte que son homophobie était liée à des angoisses liées à l’extérieur, et pas à sa propre personnalité”. Elle précise : “Mon père savait qu’avant la colonisation et l’esclavage, existaient des peuples noirs, non-genrés et de différentes orientations sexuelles. J’ai la chance d’avoir un père instruit qui fait qu’au-delà du fait qu’il ait la foi, dans l’islam, il n’oublie pas d’où il vient, ni qui il est”, dit-elle dans le troisième épisode de la série.
Les six épisodes se passent entre Paris, Rennes, Lille mais aussi Ouagadougou ou Bujumbura. Le documentaire est conçu sous forme de témoignages, où les jeunes personnes interrogées racontent leurs craintes, leurs émotions mais aussi leur libération à l’issue du coming out. “C’est quelque chose qui revient auprès des personnages : beaucoup de personnes se sentent légères après avoir fait leur coming out”.
Toutefois, réaliser son coming out n’est pas si simple. “Le poids de la famille est très, très, très important”, souligne Trésor Ntore. “Tout comme le poids de la société dans lequel nous évoluons. Si on sent que la société n’est pas assez ouverte, on doute justement de l’intérêt de le faire”.
C’est pourquoi des associations oeuvrent en Afrique pour lutter contre l’homophobie, et faire évoluer le regard porté par une partie de la population sur les homosexuels, comme l’association Afrique Arc-en-Ciel (AAEC), présente au Togo, où l’homosexualité est passible de dix ans de prison.