Bible et homosexualité quen est-il? Genèse 2 : la création d’Adam et Eve
Texte tiré de: Bible et homosexualité: qu’en est-il?, auteur Eric MOREL, 2014, pp.13-15
L’histoire d’Adam et Eve ne parle pas directement de l’homosexualité. Cependant, ce premier couple hétérosexuel est souvent utilisé comme argument en défaveur du couple homosexuel car il est vu comme le modèle initial, idéal et unique du couple, créé et voulu par Dieu avant la Chute. Certains en concluent que la femme est la seule altérité digne de ce nom pour l’homme et réciproquement, ce qui exclut d’office toute relation homosexuelle. Examinons donc les deux premiers chapitres de la Genèse.
Dans le chapitre 1, Dieu crée l’ensemble du monde en cinq jours ; au sixième jour, Il crée l’homme et la femme « à son image » (Genèse 1.27) et au septième, Il se repose. Le chapitre 2 commence ensuite avec un deuxième récit de la Création qui contient quelques différences par rapport au premier. Dieu crée d’abord Adam et le place au milieu du jardin d’Eden. Le voyant seul, Dieu déclare : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide semblable à lui. » (Genèse 2.18). Il crée alors les animaux. Comme ceux-ci ne sont pas une aide adéquate pour Adam, Dieu crée Eve qui, elle, s’avère être une aide appropriée.
Le point crucial de cet extrait est la déclaration de Dieu : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide semblable à lui. » Remarquez qu’Il a dit « je lui ferai une aide » et non pas « je lui ferai une femme » ni même « je lui ferai une épouse ». Si le passage affirme donc que l’homme n’est pas complet sans une aide spéciale, il insiste sur le rôle que cette personne doit avoir plutôt que sur ses autres caractéristiques. À l’interprétation de définir maintenant qui peut être considéré comme une « aide ».
Examinons ce terme « aide ». Le mot employé dans le texte originel est ezer, un terme hébreu masculin. Aussi, pour respecter le genre du texte originel, il serait plus fidèle de lire le verset 18 par « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai un aide semblable à lui ». Dès lors, nous sommes libérés de la suggestion de la traduction française qui laisse entendre que l’« aide » est forcément féminine.
Ensuite, si l’on considère les occurrences du terme ezer, on remarque vite qu’il n’est pas spécifiquement attribué à Eve, ni même à l’être humain en général. En effet, dans l’Ancien Testament, ezer est utilisé vingt-et-une fois9 : deux fois pour annoncer Eve, trois fois pour critiquer des groupes de personnes incapables de venir en aide, et seize fois pour Dieu qui vient en aide à son peuple ou à des individus. Deux dimensions d’un ezer peuvent être déduites.
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Premièrement, quel est le rôle d’un ezer? C’est un rôle qui ne correspond pas du tout à celui de simple domestique et possède une composante spirituelle forte. Dans le cadre du couple hétérosexuel, l’épouse est appelée à être non pas la servante docile de son mari, mais à avoir à l’égard de son époux la même attitude de soutien que Dieu a à l’égard de Son peuple. Voilà une pensée qui rompt avec la vision traditionnelle de la femme soumise!
Deuxièmement, qui peut être un ezer? La femme peut l’être pour son mari, ce qui est un encouragement au modèle du couple hétérosexuel. En revanche, les textes ne rapportent pas de situation où une femme est l’ezer d’une personne qui n’est pas son mari. Dieu est un ezer permanent pour Son peuple et ceux qui Le respectent dans les autres nations. Un homme peut- il être un ezer? Trois occurrences répondent par l’affirmative, mais ne présentent que des cas de manquement aux qualités d’un ezer par rapport à Dieu. Elles ne mentionnent donc pas ce rôle de façon positive pour un homme, que ce soit à l’égard de sa femme ou à l’égard de toute autre personne.
Est-ce pour autant que la Bible, en omettant ces cas de figure, interdit à un homme d’être un ezer pour sa femme ou pour tout autre personne, telle qu’un homme? Interdit-elle également à une femme d’être l’ezer de quelqu’un qui n’est pas son mari, tel qu’une femme? À chacun d’interpréter et de se déterminer, en son âme et conscience.
Si ezer ne donne aucune réponse catégorique en faveur ou en défaveur du couple homosexuel, il y a un verset plus direct dans ce chapitre (Genèse 2.24) :
« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. »
De toute évidence, ce verset soutient la relation hétérosexuelle. Condamne-t-il pour autant la relation homosexuelle? Si l’on part du principe qu’il ne soutient qu’un type de relation et exclut d’office les autres, alors il faut considérer que l’homosexualité et le célibat doivent être tous deux désapprouvés. Une telle position est évidemment intenable, ne serait-ce que parce qu’il y a des personnages bibliques célibataires qui ne sont ni repris ni discriminés à ce sujet. Quant à faire une exception pour le célibat et non pour l’homosexualité, quels seraient les critères d’exclusion? Aucun, en tout cas, qui ne se trouve dans Genèse 2.
L’éclairage qu’apporte Genèse 2.24 est la dimension physique dans la relation du couple, à la différence du mot ezer qui reflète la dimension spirituelle. Il est vrai qu’ici, l’aspect physique
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n’est attribué qu’au couple hétérosexuel. Certains peuvent en conclure qu’une personne homosexuelle doit alors se contenter de relations platoniques. Cependant, si le modèle de relation mis en avant par Genèse 2.24 n’exclut pas toutes les autres formes de relation –telle que le célibat–, il nous est impossible de conclure qu’il exclut également la dimension physique dans toutes ces autres formes de relation. Malheureusement, le passage ne mentionne pas ces autres cas de figure et de nouveau, il revient à chacun d’interpréter et de se déterminer.
Finalement, que dire de la position de Genèse 2 vis-à-vis de l’homosexualité?
La seule réponse qui puisse être donnée est que ce passage n’a pas pour but de répondre à cette question et toute interprétation pour ou contre l’homosexualité relève de l’extrapolation, au même titre qu’au sujet du célibat. En effet, le contexte dans lequel il a été écrit n’envisageait simplement pas la possibilité que deux personnes de même sexe puissent vivre une relation amoureuse exclusive et former un couple stable au long-terme. Je reviendrai sur cet aspect dans les prochains passages abordés.
Tout ce que nous pouvons dire, c’est que Genèse 2 prône indubitablement la relation du couple hétérosexuel, en lui donnant une dimension spirituelle de grande envergure. Le chapitre a donc sa place dans la case verte.
Concernant l’homosexualité, rien n’est dit directement. Or, rien ne permet d’alléguer que ce silence exclut d’office tous les comportements homosexuels, ni que les affirmations en faveur du couple hétérosexuel sont nécessairement et toujours en défaveur du couple homosexuel. La case blanche reste donc vide, de même que les cases rouges des comportements malsain(t)s.